chapitre 26 : née pour créer
- Stéphanie Dordain

- 27 août
- 3 min de lecture
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une imagination débordante. Pas juste fertile. Débordante. Genre chutes du Niagara.
Petite, je voyais des trucs, j’entendais des voix (les bonnes, pas celles qui font qu’on t’enferme), et je vivais carrément dans des dimensions parallèles.
Pas besoin de champignons, juste moi et mes histoires.
Je pouvais passer des heures seule, à inventer des mondes. Et quand je ne traînais pas dans ma tête, j’étais dans les arbres, en mode Indiana Jones, à grimper, explorer, sauver la planète imaginaire avec deux bâtons et une corde.
Et plus j’avance dans ma vie – boulot, maternité, accompagnement des autres, rebondissements dignes de Netflix – plus je comprends une chose : c’est pareil pour tout le monde. Toi aussi tu le sais : on est né pour créer.
Chacun a une petite étincelle, un message, un truc à transmettre. Une pièce unique du puzzle. Mais… évidemment, ça ne se passe pas comme ça.
La famille, les modèles, les peurs, le formatage, les épreuves : tout ça vient brouiller les ondes. Résultat ? On se perd. On s’échappe de notre propre vérité. On finit par se conformer, partager les mêmes trucs que tout le monde, vouloir cocher des cases, rentrer dans des cases. Et on oublie pourquoi on est venus.
Sauf que… c’est dans les pires moments que notre essence se rappelle à nous. Dans les failles, dans les coups de massue, dans les phases où tout s’écroule.
Cette petite voix revient : “Hé, t’étais là pour ça, souviens-toi.”
Il y a un concept en psychologie qui dit exactement ça : la dissonance cognitive.
En gros : si tu te sens mal, c’est parce qu’il y a un décalage entre ce qui est important pour toi (tes valeurs, tes rêves, tes envies profondes) et ce que tu fais réellement de ta vie.
Exemple concret : tu rêves de manger sain… mais tu commandes des tacos à minuit.
Tu rêves d’aimer profondément… mais tu fuis ou tu scrolles ton ex sur Insta.
Tu rêves d’être en paix… mais tu passes ta soirée à t’énerver contre un inconnu sur Twitter.
Voilà. Dissonance cognitive.
Et moi, cet été, j’ai eu ma dose. Entre les dramas familiaux, mon chien malade, mes peurs qui remontent comme un vieux dossier et ma vie amoureuse qui ressemble à un escape game sans sortie… j’ai pris cher.
Mais au fond, ça m’a ramenée à l’essentiel.
Ok, j’ai pas la relation que je veux. Mais je sais prendre soin de moi. Je sais rayonner dans plein d’autres domaines. Je sais transmettre de l’amour. Et ça, c’est mon moteur depuis toujours.
Sauf que là, je dois être honnête : ma plus grosse dissonance aujourd’hui, c’est d’avoir arrêté d’y croire. Arrêté de croire en l’amour.
Moi, l’incorrigible rêveuse romantique.

J’ai tellement donné, tellement tout mis sur la table que j’ai fini paralysée. Alors je repousse, je rejette, ou j’attire les mauvaises personnes. Et ça fait mal. Mais au moins maintenant, j’ai conscience.
Et ça, c’est déjà un putain de pouvoir.
Alors aujourd’hui, j’ai décidé : je reviens à la création. Pas à ce que les autres attendent, pas aux moules, pas aux critères, mais à ce qui brûle en moi. Parce que c’est là que ça vibre juste.
Et oui, ça veut dire que je dois rouvrir la porte de l’amour. Me réconcilier avec ma naïveté. Croire encore. Et recréer ce que je veux, vraiment.
Parce qu’on est tous les artistes de notre propre vie.
Et cette œuvre d’art, on n’a qu’une seule chance de la réaliser. Pas deux.
Alors je te laisse avec une phrase qui me guide depuis des années, une phrase qui résume tout :
« Une œuvre d’art est bonne quand elle naît d’une nécessité. » – Rainer Maria Rilke
Et toi, ta nécessité, c’est quoi ?





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