chapitre 21 : Le Brésilien qui voulait ma peau (et celle de mon chien)
- Stéphanie Dordain
- il y a 6 jours
- 3 min de lecture
Georges est sur sa 14ème année. En ce moment, il boîte, vieux guerrier fatigué.
Anti-inflammatoires, soins quotidiens… et aujourd’hui, miracle : monsieur se met à galoper comme un poulain.
Une nouvelle jeunesse !
Je suis ravie, je décide de prolonger le plaisir : petite balade au bord de la rivière.
Le soleil tombe, l’air est doux, je suis bien. Jusqu’à ce qu’on arrive dans un passage étroit : rivière à gauche, panneaux de travaux à droite. Personne devant, personne derrière. La lumière baisse, ambiance thriller portugais.
Et là, un homme apparaît derrière moi.
Le genre de mec qui, dans une autre vie, dans un autre mood, aurait pu être mon style : allure tranquille, un petit côté “touriste brésilien” qui fait sourire… mais pas ce soir. Là, dans ce décor, c’est glauque.
Il avance, ralentit, puis se retrouve pile derrière moi. Mon radar interne s’allume : alerte rouge. Je me retourne. Mauvaise sensation.
Et soudain, il lève son t-shirt.
Dans ma tête : “Ok, c’est un couteau. Voilà comment je vais mourir, en promenade canine, bravo Stéphanie.”
Il sourit. Je suis morte. Je vois un truc long et droit. “C’est la lame. Il va m’égorger.”
… Sauf que non. C’est un paquet.
Il rigole. Il ouvre. Et en sort… une énorme friandise pour chien.
Il me la tend. Je refuse. Il insiste. Il s’en va. Il revient " Ce n'est que du poulet!"il me sort insistant.
Georges le fixe. Moi, j’improvise :
Vaut mieux arrêter d’insister. Georges, c’est un chien compliqué. C'est un Pitbull. Il a des réactions imprévisibles. Très agressif. Et là, je vois qu’il vous fixe, je pense qu’il n’aime pas ça.
Le gars ralentit. Moi, je pars l'air assuré… jusqu’à ce que Georges se mette à tirer sur la laisse. Pas pour me sauver. Pour aller chercher le foutu poulet.
Et là, cerise sur le gâteau : il se remet à boiter, il me sort son regard de vieux chien martyr : “Laisse-moi mourir heureux, donne-moi le poulet.”
Georges, en 14 ans, a tenté le suicide un million de fois :
Se jeter sous une voiture. Bouffer du poison. Escalader et tomber dans un trou. Tout ce qu’il ne faut pas faire, il le fait. Et là, un potentiel empoisonneur lui tend l’appât… et lui, il y va et il donne tout.
Je tire sur la laisse, je gueule comme une poissonnière. Mon plan de survie est en train de capoter? J'accélère et traine mon pauvre chien qui n'a jamais marché aussi vite.
Mon cœur bat jusqu’à la maison.
Je raconte à ma mère. Elle me sort :
— T’es pas prête de te faire draguer. Le mec, si ça se trouve, il t’a vue et il a acheté une friandise exprès…
Je décris la scène. Elle hésite, puis dit :
— Ouais, ok, c’est bizarre. Viens, on va voir si on le retrouve.On va enquêter.
Moi :
— Pourquoi faire ? On n’est même pas foutues de garder secret l’anniversaire surprise de mamie, et tu veux jouer les détectives ?
Elle insiste. Et nous voilà, à 21h, en train de longer la rivière comme deux inspecteurs gadget low-cost.
Pas de “touriste brésilien” en vue. On rentre.
Résultat : au mieux, il nous a repérées et il sait où j’habite maintenant. Bravo les deux génies.
Si vous ne voyez plus jamais de chapitre Fuck Love, vous saurez pourquoi. Amen.
Au cas où, pour faciliter l’enquête, voici le portrait-robot :
– Taille : grand
– Teint : bronzé
– Yeux : verts
– Accent : Portugais brésilien
– Physique : plutôt pas mal (ce qui rend tout encore plus suspect)
– Tenue : décontractée
– Poids : moyen
– Poils : barbe de trois jours
– Signe particulier : se promène la nuit avec un bâtonnet ou une friandise pour chien… planqué dans le caleçon.

Comments