Chapitre 18: Gardienne de la terre

On m’a souvent demandé ce que je faisais dans la vie.

Je répondais : j’écris, je crée, je transmets.

Mais si je devais répondre vraiment, je dirais :

Je protège.

Je protège le Vivant.

Les enfants.

Les animaux.

La Terre.

Et tout ce qui n’a pas les mots pour se défendre.

C’est ça, ma vraie histoire d’amour.

Je n’ai pas besoin d’un homme pour me sentir complète.

J’ai besoin d’une cause plus grande que moi.

D’un feu qui me brûle le ventre et me donne envie de me lever chaque matin.

Et ce feu-là, je l’ai trouvé le jour où j’ai vu un âne s’effondrer dans la poussière, le dos ouvert, les yeux secs.

Le jour où j’ai vu un enfant frapper un chien parce qu’on lui avait appris que c’était normal.

Le jour où j’ai compris que le monde souffre en silence, et qu’on regarde ailleurs.

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent sans rien dire. » — Albert Einstein

Alors j’ai décidé que je ne me tairais plus.

Mais pas en criant.

En éduquant.

En transmettant.

En réveillant.

C’est comme ça qu’est né le mouvement Gardien de la Terre.

Un programme pour les enfants.

Pour qu’ils n’oublient pas.

Qu’ils n’oublient pas qu’ils ont des super pouvoirs.

Qu’ils peuvent ressentir, écouter, défendre.

Qu’ils sont capables de parler aux arbres, de comprendre les animaux, de poser une main et d’apaiser le monde.

Et je les ai vus,ce matin, les enfants du Portugal, du Sénégal, d’Allemagne, de Palestine, d’Irlande, de France, d’Égypte…

Tous réunis dans un champ d’Alentejo, les yeux fermés, se guidant les uns les autres en silence.

Cherchant leur chemin comme des animaux, avec les autres sens.

Apprenant la confiance.

Le respect de l’espace.

La lenteur du lien vrai.

Et moi, là-dedans, au milieu d’eux, pleine de terre, de gratitude, de fierté,

je n’ai jamais ressenti un amour aussi pur.

THIS IS TRUE LOVE.

Ce n’est pas un je t’aime soufflé dans le noir.

C’est un regard droit, tourné vers la réalité, même quand elle fait mal.

Un engagement silencieux, parce qu’il vibre profondément avec mon cœur.

Un acte répété, jour après jour.

Non seulement pour toi, mais pour les autres.

C’est une main posée sur un flanc tremblant,

un être qui s’apprête à partir, ou qui a juste besoin d’un refuge avant de mourir.

C’est un regard de confiance envers un enfant, convaincu qu’il est extraordinaire et qu'il peut tou réaliser.

Un regard qui changera sa vie.

Alors non, je n’ai pas un mec qui m’envoie des messages tous les matins.

Mais j’ai des enfants qui me disent :

« Moi je veux protéger les chevaux »,

« Moi je veux soigner les animaux blessés »,

« Moi je veux devenir Gardien de la Terre. »

J’ai des ânes et des chevaux qui ferment les yeux et s’endorment en paix dans mes bras.

J’ai des êtres de toutes espèces qui me font tellement confiance qu’au moindre pépin, c’est chez moi qu’ils débarquent.

J’ai Georges, mon chien, qui m’attend à la fin de la journée, les yeux pleins de confiance.

Comme s’il savait que je donne tout. Et que j’ai encore de l’amour à donner.

Et ça, c’est peut-être la forme d’amour la plus grande que j’aie connue.

Je n’ai jamais rejeté l’amour.

Mais j’ai longtemps refusé de le réduire à ce qu’on m’en montrait.

Parce que l’amour, pour moi, ce n’est pas juste une romance ou un manque.

C’est une direction.

Une présence.

Un choix.

Et moi, j’ai choisi un amour qui respecte la Terre.

Un amour qui sache approcher un cheval sans le brusquer.

Un amour qui tienne la main d’un enfant et lui dise :

« T’as raison d’y croire. »

Un amour qui sache se taire quand les oiseaux chantent.

Un amour qui me regarde marcher vers ma mission, et qui marche à côté.

Et s’il n’est pas encore prêt pour moi, c'est OK.

Je continue.

Entourée de cris, de boue, de chevaux qui me bavent dans le cou, d’oiseaux et d’autres espèces qui viennent littéralement voler dans mon assiette et d’araignées qui ont décidé de tisser leur toile dans mes cheveux.

Parce que c’est là que je me sens aimée.

Vivante.

Alignée.

Et entière.

THIS IS TRUE LOVE.

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