Chapitre 16 : LE SEXE. Est-ce qu’on en parle ?
- Stéphanie Dordain
- 11 août
- 3 min de lecture
J’ai voulu taper le nom de ma chronique dans Google rapidement pour copier coller le lien.
Logique. Simple. Rapide.
Je tape : « Alessa Fuck Love ».
Et là… Grave erreur.
En première page, pas mon blog.
Mais une ribambelle de sites pornos.
Des vidéos aux titres douteux, genre “Fuck Love 4 – Hard edition”, des gifs de meufs en bottes latex, et des Hollandais torse nu qui hurlent « OH YEAHHHH ».
J’ai même eu droit à un lien vers YouPorn.
Sérieusement.
Voilà ce que ça donne quand tu mets le mot “Fuck” dans un titre : l’algorithme t’associe direct à une orgie tournée à Rotterdam un soir de pleine lune.
Et tu sais quoi ? Ça m’a fait rire.
Mais ça m’a aussi donné envie de poser la question :
La sexualité, est-ce qu’on en parle ?
Pas celle des pornos.
Pas celle des scripts formatés et des chorégraphies sans âme.
Pas celle où on se déconnecte pour performer, pour plaire, pour fuir.
Je parle de l’autre.
Celle qui traverse.
Celle qui marque.
Celle qui soigne. Ou qui abîme.
Celle qui nous relie ou nous perd.
Parce qu’on ne le dit pas assez, mais faire l’amour, ce n’est pas anodin. C’est un acte énergétique.Un échange d’âmes.Une fusion de mémoires, de corps subtils, de vibrations.
Et quand on est une femme, c’est encore plus vrai.
Parce que notre corps reçoit.
Parce qu’on laisse entrer quelqu’un.
Parce que l’énergie de l’autre s’imprime en nous.
Et j'ai senti cette vérité.
Certains hommes m’ont laissée pleine de lumière.
Je suis sortie de leur lit comme on sort d’un temple : apaisée, vibrante, nourrie.
Et d’autres m’ont laissée vide.
Une brume dans la tête. Une coupure avec moi-même.
Comme si leur noirceur s’était incrustée dans ma peau.
Alors j’ai fait un choix.
Pas de m’abstenir.
Mais de me recentrer.
De faire de la place.
De revenir à moi.
Pas un rejet.
Pas un sevrage.
Un acte d’amour.
Parce que cette fois, je ne veux plus donner ce feu sacré à quelqu’un qui ne sait pas l’honorer.
Je veux le garder pour moi.
Je veux l’honorer avec moi.
Je veux explorer mes zones d’ombre et de lumière. Mes désirs. Mes orgasmes. Mes silences.
Je veux faire l’amour à la vie.
À mon corps.
À mes ressentis.
À ma propre énergie.
Je ne suis pas en manque. Je suis en relation. Avec moi.
Après toutes ces relations bancales, après tous ces hommes qui ne savaient pas plus faire des actions concrètes pour créer un lien solide, t'honorer, de façon durable… j’ai compris :
Ce n’est pas eux le problème.
Ce n’est même plus moi.
C’est le jeu tout entier. Et ce que les relations sont devenues.
Et j’ai plus envie d’y jouer comme ça.
Alors je me suis offert une parenthèse.
Pas pour fuir. Pour me retrouver.
Mes amis dans le sud.
Des feux de camp, des festivals, des baignades dans la mer.
Des soirées à rire sous les étoiles.
Des moments vrais, simples, entiers.
Et puis, au détour d’un virage : un sex-shop.
Et l’acquisition de mon nouveau meilleur ami : le Womanizer.
Pas pour le cliché.
Pour le symbole.
Parce que ma sexualité m’appartient.
Elle n’est ni à un ex, ni à un futur.
Elle n’est pas en attente.
Elle n’est pas suspendue à une promesse ou à une absence.
Elle est là.
Vivante. Présente.
Disponible. Pour moi.
Je crois au désir.
À celui qui monte doucement, qui respecte, qui écoute, qui s’installe dans la durée.
Je crois aux corps qui se choisissent.
Pas à ceux qui s’essaient.
Je crois à la sensualité consciente.
À la sexualité sacrée.
À l’amour fait de lenteur, de regards profonds, de silences habités.
Et je crois que partager son corps, c’est un cadeau royal. Qu’il n’y a rien de plus beau que de choisir UNE personne. Pas parce qu’on est coincée. Mais parce qu’on a conscience de la valeur de ce qu’on offre.
Parce qu’on sait que cette énergie, ce feu, ce vortex… c’est de l’or.
Et qu’on ne le distribue pas dans les ruelles de l’à-peu-près.
Alors non,
vous ne me trouverez pas sur YouPorn.
Mais si un jour je décide de faire ma sex tape,
ce sera chez moi.
Dans mon sanctuaire. Sous un drap, dans ma chambre sacrée.
Avec une lumière douce. Une ambiance mystique.
Avec un homme qui comprend mes silences.
Qui sait que mon plaisir est une prière,
une reconnexion à des mémoires oubliées.
Et bien sûr, en fond sonore, il y aura toujours les ronflements de Georges (oui, toujours lui),
endormi en boule à côté du lit pour me rappeler qu'il est et restera le seul homme fidèle de la maison.
Il n'y aura ni latex.
Ni martinet...Peut-être… une petite paire de menottes.
En velours. Évidemment.