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Chapitre 19 : TOUT PASSE ( MÊME LE GRAS )


Il y a eu un jour où j’y ai vraiment cru.


Pas un « un peu cru » ou un « on verra », non… un vrai j’y vais à fond, je ferme les yeux, je saute, advienne que pourra.

C’était limpide. Évident. Magique.

Tu sais, ce moment où t’as l’impression que l’Univers lui-même s’est levé ce matin-là pour t’aider à vivre ton histoire d’amour. Les étoiles s’alignent, les chansons à la radio parlent de vous, même le café a meilleur goût.

Bref, t’es sur ton petit nuage et t’es persuadée que c’est le bon.


Et puis… la vie.


La vie, ce grand metteur en scène imprévisible, qui adore tout chambouler juste quand tu pensais avoir trouvé le scénario parfait.

Une seconde, un choix, un mot, une décision, un accident, une vérité qui tombe… et tout bascule.

La comédie romantique se transforme en film dramatique avec bande-son au piano triste.


Sur le moment, tu crois que tu vas mourir.

Tu perds l’appétit (ou au contraire tu manges comme si tu préparais une hibernation de six ans), tu scrolles ton téléphone comme si une solution allait tomber par miracle de l’écran, tu dors avec ton oreiller comme si c’était un gilet de sauvetage.

Tu te dis que plus rien ne sera jamais comme avant, que l’essence même de ce que tu croyais vrai et beau est foutue en l’air.


Et puis… spoiler alert : ça passe.


C’est ça, le truc.

La vie est un mouvement permanent. Elle te donne, elle t’enlève. Elle te propulse dans les étoiles, puis te jette dans la boue, puis te relève encore.


Le bon passe.

Oui, les moments parfaits, eux aussi disparaissent. Alors quand ils sont là, savoure-les comme si tu ne les reverrais jamais. Ris fort. Aime fort. Dis-le. Montre-le.

Parce qu’un jour, ils ne seront plus là.


Et le mauvais passe aussi.

La douleur, la colère, l’envie de jeter ton téléphone par la fenêtre… ça finit par s’estomper. Un matin, tu te réveilles, tu respires, et tu réalises que… tu vas bien. Que tout est exactement comme ça doit être.

Et tu souris.


C’est à peu près ce que je me suis répétée, allongée sur une table de massage, pendant que ma masseuse me passait de l’huile de pamplemousse sur les cuisses.

Tout allait bien. Lumière tamisée, musique douce, odeur d’eucalyptus. Un pur moment de détente. Jusqu’à ce qu’elle s’arrête, me regarde avec son air de sage tibétaine et me balance :

— « Non mais là, c’est pas de la rétention, hein. C’est du gras. »

BOUM.

La vérité, brute et sans préservatif émotionnel.

Pas de l’eau. Pas un mystère hormonal fascinant. Non. Du bon vieux gras, fidèle, enraciné comme un squat mal fait.


Et là, tout comme l’amour parfait qui s’écroule en une seconde… le bien-être du massage s’est effondré.


Dans ma tête, c’était la vallée des larmes : je ne voyais plus mes muscles, mais un paysage lunaire, une tapisserie inca sculptée par les dieux du gras.


J’ai repensé à toutes mes batailles :

Les jus céleri-ananas-curcuma à 7h du matin.

Les jeûnes héroïques.

Les 10 000 brossages à sec avec cet instrument de torture médiévale.

Les squats, les cordes à sauter, le cardio jusqu’à transpirer mon âme.

Et non. Ce n’était pas une malédiction, ni un blocage karmique. C’était. Du. Gras.


Et comme une rupture, le gras… ne disparaît jamais vraiment.

Il peut se vider un peu, mais il reste là, planqué, prêt à revenir à la moindre invitation. Un vrai plan cul récurrent : discret quand tout va bien, collant dès que tu craques pour une pizza un vendredi soir.


Alors oui, j’ai repensé à ma philosophie : tout passe.

Les histoires d’amour, les douleurs, les joies, les drames… et même, je l’espère, cette foutue cellulite.


Parce que le mouvement, c’est la vie.

Et dans ce mouvement-là, tout est parfait…… même si, sur le moment, j’espère très fort que ça aussi, ça passera.



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