CHAPITRE 13 : ILS REVIENNENT TOUJOURS
- Stéphanie Dordain
- 31 juil.
- 4 min de lecture
Ce matin encore, je promène Georges.
Retour en ville. Une pause dans ma jungle intérieure. Juste quelques jours.
Le temps de ramener ma fille chez son père, faire les papiers qu’on repousse toujours, gérer deux-trois animaux chez ma grand-mère (elle aussi, sa propre arche de Noé), et surtout, me recentrer un peu.
Respirer. Pas longtemps. Juste respirer.
Georges, comme à son habitude, trace vers sa bande.
Sous les grands arbres du parc, là où l’ombre est bonne et les bancs toujours occupés.
La bande des vieux. 90, 92, 93 ans. Des bonhommes gentils, usés, attendrissants.
Georges est leur mascotte. Il les connaît tous. Il fait son petit tour, reçoit ses caresses, s’installe. On dirait qu’il prend le thé avec eux.
Il faut dire que Georges, techniquement, a 88 ans.
Oui. 88 ans. En années de chien. Et non, c’est pas 1 an = 7 ans comme on croit. C’est plus tordu que ça. Les deux premières années comptent double, puis ensuite tu rajoutes une sorte de coefficient chelou, en fonction du poids du chien, de son karma, et de sa consommation de croquettes bio.
Bref. Georges est officiellement un vieux monsieur. Et il aime passer du temps avec ses pairs.
Pendant ce temps-là, moi j’ai le temps de souffler. Enfin presque. Parce que évidemment, mon téléphone sonne.
Fernando 2 ( ou 1 je ne sais plus )
Oui, il y a eu plusieurs Fernandos dans ma vie. Trop, peut-être.
Mais on y reviendra.
Petite règle universelle, les filles, accrochez-vous :
ILS REVIENNENT TOUJOURS.
Peu importe l’histoire.
Qu’il t’ait quittée, ignorée, ghostée, humiliée, trahie, trompée avec ta meilleure amie, fait croire qu’il t’aimait, ou qu’il n’était pas prêt…
Un jour, il revient.
Avec son message tout bête :
« Coucou toi… j’ai rêvé de toi cette nuit. »
Ou bien le grand classique :
« Je suis tombé sur une chanson qui m’a fait penser à toi. »
Ou encore mieux :
« J’ai compris des choses, maintenant, tu avais raison. » ( spoiler : Les femmes ont toujours raison 🙄
Ah oui ? T’as compris pile quand moi j’ai tourné la page ? Étonnant.
Mon premier copain m’a trompée. J’avais 16 ans quand je l'ai rencontré. Ensuite on s'est fiancés. (Oui, j’étais traditionnelle et intense dès le départ et on change pas un équipe qui gagne. Mémo à moi-même, il faut absolument que je vous parle de ma vision du mariage dans un prochain épisode)
Bref, revenons à premier minable de ma vie.
Il avait une double vie. Je parle pas de double like sur Insta, hein.
Une vraie double vie, voire triple, quadruple. Le genre d'homme "généreux de sa personne, par excellence"
Et pour couronner le tout ? Il m’a trompée avec ma meilleure amie de l’époque.
On pourrait croire que ce genre de mec disparaît dans l’oubli collectif ?
Que nenni.
20 ans plus tard, il revenait encore.
Avec ses grandes phrases, ses violons, son “c’était toi depuis toujours”.
Moi :"Oh, mon amour… quelle émotion. Mais désolée, j’ai déjà un autre généreux sur le feu."
Et lui, c’est pas une exception.
Tous sont revenus.
Sans exception.
Un jour. Une nuit. Une notification.
Parce que quand ils sont seuls, paumés, démolis, perdus dans leur virilité bancale ou leur nouveau canapé sans coussins… Ils appellent. Les ex.
C’est connu.
Les hommes, ils aiment ce qui les rassure.
Et l’ex, c’est la madeleine de Proust des faibles.
C’est sucré, connu, réconfortant.
Mais c’est foutu.
Et dans tout ça, il y a une vérité à retenir :
Les hommes vraiment courageux, vraiment clairs, vraiment présents. Ce ne sont pas ceux qui reviennent. Ce sont ceux qui ne partent jamais.
(Je pense que cette citation mériterait un prix Nobel. Ou un Goncourt. Un César peut-être. À défaut… un tote-bag ?)
Parce qu’un homme qui sait que t’es la bonne personne, il te choisit.
Pas à moitié. Pas en dilemme. Pas “j’étais pas prêt.”
Il fait pas un TED Talk sur ses blessures d’attachement pendant que t’attends qu’il te regarde dans les yeux.
Non. Il est là. Il reste.
Il pose ses valises. Il regarde le chaos. Il s’assied dedans avec toi.
Alors aujourd’hui, quand Fernando rappelle,
je ne saute pas de joie. Je ris.
Parce que j’ai compris.
Ceux qu’on attend qu’ils reviennent… ne valent pas ceux qui n’ont jamais bougé.
Bon. Fin de l’histoire pour Fernando — et tous ceux qui reviennent, et reviendront.
Next.
Georges m’attend.
Et lui, au moins, il reste.
(Il a pas trop le choix non plus, hahaha.)
Enfin… sauf sur les plages interdites, les parcs, et plein d’autres lieux dans ce monde apparemment.
Et c’est précisément pour ça que dans le prochain épisode, on va parler plages, panneaux absurdes, pollution, et hypocrisie ambiante.
Bref : coup de gueule à venir.
Parce qu’il faut quand même que je vous dise un truc :
Oui, on a compris que le thème central de Fuck Love, c’est l’amour.
Mais il n’y a pas que l’amour du couple dans la vie.
Il y a l’amour de soi, l’amour de sa liberté, l’amour de ses potes, de ses grands-parents, de ses convictions…
…et surtout, l’amour de son chien.
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