Chapitre 10 : Pancakes et KARMA familial

Nous ne sommes pas venus pour réparer, nous sommes venus pour écrire une nouvelle histoire.

La première chose qui me revient sans cesse quand je me pose des questions sur mes relations, mes schémas, l’amour en général…

c’est ça :

Est-ce que je suis en train de répéter un cycle ?

Est-ce que je rejoue, sans le vouloir, l’histoire de ma mère ?

De ma grand-mère ?

De toutes les femmes de ma lignée ?

Est-ce que ce que je vis, ce que j’attire, ce que je perds…est guidé par un schéma ancestral,

un vieux principe,

une blessure,

ou une croyance logée quelque part dans mes cellules ?

Je ne peux pas croire que tout ça est neutre.

Parce que sinon, moi aussi, j’aurais peut-être cette histoire “classique” comme certaines copines :

le même mec depuis quinze ans, deux enfants, une maison, un rythme régulier.

Il y a forcément quelque chose qui se répète.

Des histoires. Des liens. Des silences.

Des poids familiaux invisibles.

Sauf que voilà :

je ne veux plus subir ça.

Aujourd’hui, je crois profondément qu’on n’est pas venus ici pour réparer le passé,

mais pour écrire une nouvelle histoire.

Et pour ça, il ne suffit pas d’espérer.

Il faut décider.

Pleinement.

Agir autrement. Mettre en place d’autres mouvements.

Sortir du script.

Mais pour changer, il faut d’abord se regarder.

Observer.

Comprendre ce qui se rejoue.

Ce qu’on répète.

Ce qu’on porte sans même le savoir.

Alors oui, je crois que beaucoup de nos schémas viennent de nos lignées.

Mais non, je ne crois pas qu’on doive tous les porter jusqu’au bout.

On peut choisir autre chose.

Et ça commence là.

Dans les petites choses du quotidien.

Et c'est ce que je fais ici.

Quand j’avais l’âge de ma fille déjà, ma famille était éclatée en morceaux. Mon père n’était pas là, ma mère non plus. Et je commençais déjà à m’occuper de mon petit frère, tout petit. J’étais souvent seule à la maison pour ne pas dire toujours.

J’ai raté, je crois, ce qui sont les plus beaux moments. Les moments en famille. Les moments où tu te retrouves autour d’un repas, d’un petit-déjeuner ou en cuisine. Tous ces moments-là dont on rêve quand on est une famille. Et tu sens le socle de la communication, des échanges sains et du partage.

Pendant longtemps, j’ai essayé de réparer la famille que je n’avais pas, en cherchant à créer des liens en force, en acceptant des choses qu’il ne fallait pas accepter. Jusqu’au jour où j’ai compris que je n’étais pas là pour guérir les erreurs de mes ancêtres ou de ma famille, mais pour ne pas les reproduire et construire un futur et une vie qui me ressemblent. Et je crois que c’est ce que nous faisons, avec toutes ces petites choses.

Alors non, ce n’est pas facile tous les jours. Surtout pendant les périodes d’école. De préparer des super petits-déjeuners, de s’occuper de soi-même, d’un autre humain, d’un animal, de deux poules, quand tu es maman seule et que tu adores traîner au lit avec ta fille et que tu ne sais pas être à l’heure.

Par contre, il est possible de se rattraper pendant les week-ends ou les vacances. Et ces moments-là sont tellement spéciaux pour moi. C’est le moment où je rattrape le temps perdu, où je vis tous ces moments que moi-même je n’ai pas vécus. Où je me rappelle que nous sommes une famille, et qu’une famille, c’est dans tous ces petits détails : les pancakes du matin, les conversations sans but, les câlins volés entre deux bêtises, les réveils dans le même lit avec un petit pied sur le visage et une petite patte sur la tête.

Ces détails sont l’essentiel, car ils créent les souvenirs. Et les souvenirs sont la plus belle richesse. Ce n’est pas l’argent, c’est le temps.

Et c’est ce que je décide d’investir chaque jour : le temps.

Non, nous ne sommes pas venus pour réparer, nous sommes venus pour écrire une nouvelle histoire.