Chapitre 27 : les bains de Tolède
- Stéphanie Dordain
- il y a 6 jours
- 4 min de lecture
Un bonheur simple : m’offrir un petit week-end à Tolède, cette ville incroyable que j’adore. Tolède, c’est un décor de film. On dit que c’est la deuxième ville européenne la plus riche culturellement après Rome.
On comprend vite pourquoi : murailles, églises, synagogues, mosquées, palais… chaque pierre transpire l’histoire. Tu marches dans les ruelles et tu sens les fantômes d’antan te frôler.
Mais soyons honnête : le moment que j’attendais le plus, ce n’était pas la cathédrale, ni les ruelles médiévales.
Non. Moi, c’est toujours le même rituel partout où je vais : les bains.
Les hammams, les thermes, les spas… tout ce qui ressemble de près ou de loin à des bassins où tu peux flotter comme une étoile de mer en te demandant si tu n’es pas la réincarnation d’une sirène antique.

Les bains arabes de Tolède, c’est une pure merveille. Des voûtes avec des écritures hébraïques et arabes, l’ambiance d’un grand bain romain, et en bas, trois bassins : un tiède, un brûlant, un glacé. Plus un bain vapeur, le thé, et un massage. Un voyage hors du temps.
Et là, révélation entre deux trempettes : la vie, c’est exactement ça.
Quand tu es dans le bain brûlant ou le bain glacé, tu ne tiens pas. Tu veux t’enfuir, tu souffres, tu comptes les secondes. Quand tu passes de l’un à l’autre, c’est un soulagement, mais pas un plaisir durable : juste un shoot d’intensité. Et ça, c’est exactement la vie quand tu la vis dans les extrêmes.
Tu bascules sans cesse du trop au pas assez. Tu brûles, tu gèles. Tu survis, mais tu ne t’installes jamais.
Par contre, quand tu entres dans le bain tiède, tout change : tu respires, tu t’apaises, tu pourrais flotter des heures, t’endormir même.
Et j’ai compris hier, à 38 ans, moi qui ai toujours vécu tout intensément, que la vraie clé, ce n’est pas dans les extrêmes.
C’est dans l’équilibre, dans la douceur. Parce que c’est ça qui dure, qui apaise, qui rend heureux. C’est ça qui donne envie de rester.
Mais bon, assez de philosophie, revenons au glamour.
J’arrive aux bains avec dix minutes de retard, paumée dans les remparts à chercher l’entrée, garée à perpète. Un homme m’appelle pour savoir où je suis. Quand j’arrive, je tombe sur lui.
Et là… oh mon Dieu. Qu’il est beau. Mais beau. Voire très très beau. Un grand Turc souriant.
Tu sais, le même que celui dans tes séries Netflix préférée ( d'ailleurs on adore le cinéma Turc au passage), un peu gêné. Il m’accueille, me donne mes chaussettes antidérapantes. Oui, mes chaussettes bleus électriques, façon chaussettes d’hôpital, totalement non assorties à mon maillot de bain (Toujours le même, le fameux léopard).
Désolé Tolède, je n’avais que ça dans ma valise depuis le Portugal.
Autant dire qu’au milieu de tous ces couples, je me faisais remarquer.
Après une heure à barboter, à siroter du thé et grignoter des petits gâteaux, on vient enfin m’appeler pour mon massage. Et là… devine qui m’attend ?
Personne d’autre que le beau gosse turc (bon, en vrai, il doit être espagnol et du coin, mais pour le scénario de cet épisode, on va dire qu’il est turc, ça sonne tout de suite plus exotique).
Suspense. Intensité. Une main chaude, l’huile parfumée et en fond cette musique orientale qui flotte dans l’air.
Et puis… la cerise sur le gâteau : les gants en latex. Oui, oui. Normes d’hygiène obligent.
Pour ceux qui n’ont jamais testé, laissez-moi vous dire : le bruit du latex qui glisse dans l’huile chaude, c’est une expérience en soi. Un ASMR grandeur nature. Une transe sensorielle.
Un petit paradis… pendant cinquante minutes.
Bref, Tolède m’a comblée. Les bains m’ont comblée. Et le plus beau, c’est qu’au milieu de tous ces couples en duo, j’étais sans doute la plus heureuse.
Non seulement parce que beaucoup avaient l’air plus blasés que passionnés, mais surtout parce que moi, pour une fois, j’étais là à prendre soin de moi, à me dire : mon plus grand amour, c’est moi.
Et la fin de l’histoire ?
Enfin… je pourrais dire que ma chronique devient interdite aux moins de 18 ans, histoire d’ajouter un peu de croustillant. Mais ce n’est pas le cas. Et je n’ai pas l’habitude de mentir.
La réalité est moins glamour : je suis juste sortie des bains et j’ai traversé les ruelles sombres de cette ville fortifiée, en short, avec l’impression de marcher dans un film d’horreur. J’ai frôlé la mort, le kidnapping, et tout le reste. Mais comme vous pouvez le constater, je suis encore vivante pour écrire ces mots.
Et puis, ne vous inquiétez pas : du croustillant, il y en aura sûrement. Parce qu’a priori, je n’écris plus seulement pour moi, mais pour mes amis et pour vous.
Récemment, alors que j’allais refuser un rendez-vous, une amie m’a littéralement agressée : « Ah non, tu vas y aller. On veut la suite, sinon on se fait chier ! »
Alors voilà, je fais des efforts. Je nourris la série Netflix de vos vies. Mais attention : je suis en recherche d’équilibre. Donc pas d’extrêmes, les gars. Pas de promesse olé olé.
Je suis quand même rentrée saine et sauve, et j’ai rejoint l’homme de ma vie, à l’hôtel : Georges.
Lui au moins m’attendait, peinard, dans le lit. Moins sexy que 50 nuances de Grey, mais carrément plus authentique et aligné.
Fuck Love et vive les bains arabes de Tolède.
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