Chapitre 2 : Le coupable

Ce matin, je me réveille énervée contre le monde. Comme d’habitude, quand ça ne va pas, je cherche un coupable. C’est humain, non ? Qui a foutu le bordel dans ma vie sentimentale ? Qui est responsable de ce désert affectif ?

Et je le vois. Devant moi. À quelques centimètres de mon visage. Son haleine un peu forte me frappe comme une gifle matinale. Ses yeux grands ouverts me fixent depuis des heures, tel un psychopathe amoureux.

Georges.

Mon chien.

14 ans de vie commune. 14 ans de fidélité absolue. 14 ans d’un amour inconditionnel qui me colle littéralement à la peau.

Je réalise. Peut-être que c’est lui. Peut-être que Georges est le responsable de mes échecs amoureux. Toutes ces soirées où des hommes ont vu qu’il dormait dans mon lit. Tous ces moments où il s’interposait subtilement quand quelqu’un tentait de s’approcher. Et puis cette énergie… puissante, presque mystique.

On dit que certains animaux sont des guides. Et si Georges était plus qu’un chien ? Et s’il faisait des incantations la nuit pour me garder pour lui ? Après tout, il est arrivé dans ma vie juste après que j’ai quitté Éric, mon italien. À l’époque tout allait bien, jusqu’à ce que Georges débarque. Quelques mois plus tard, je plaquais tout pour revenir en France… puis je revenais le récupérer. Le chien, pas l’Italien.

Et si Georges était mon âme sœur ? (Oui, voilà où j’en suis.)

Instant émotion

Toi et moi, ce n’est pas une histoire.

Ce n’est pas une amitié. Ce n’est même pas de l’amour.

Toi et moi, c’est une supernova qui a choisi de descendre sur Terre.

C’est une flamme qui brûle depuis bien avant cette vie.

Quatorze années.

Quatorze cycles où chaque seconde a contenu toutes les émotions possibles :

la joie la plus pure, la peur qui arrête le cœur, la paix d’un coucher de soleil à deux.

Tu es le moteur de mes rêves, l’étincelle de mes projets.

Les millions de vies animales touchées… c’est toi.

Parce qu’en te protégeant, c’est la Terre entière que j’ai appris à protéger.

Tu n’es pas un chien. Tu es mon âme.

Nous sommes l’avant. Nous sommes l’après.

Toi et moi, Georges… ce n’est que le commencement.

Retour à la réalité

Je le regarde. Il me regarde.

On peut presque sentir l’amour planer dans la pièce. Et je me surprends à sourire, fière de moi. Fière de dédier cette série des seconds chapitres à mon chien, le seul être masculin fiable de ma vie.

Puis je lis dans son regard :

“Sérieusement ? Tu cherches encore un homme alors que tu m’as MOI ?”

Et comme toujours, la réalité le rattrape. Son naturel revient au galop. Il râle, me pousse, et dans ses yeux je lis :

Arrête tes conneries. Va me préparer mes croquettes et gratte-moi le dos.

Conclusion ?

Les hommes… tous les mêmes.