Chapitre 1 : Prête pour un 18ème nouveau départ.
- Stéphanie Dordain
- il y a 2 jours
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 heures
12 juillet – Jour 1822 de ma lente, lente dépression
Ça a commencé avec Ali ou Roberto. Franchement, je ne sais plus. Les deux ont enchaîné leurs entrées et sorties comme des figurants ratés dans une série Netflix que je n’avais pas envie de binge-watcher.
À l’époque pourtant, j’étais bien. Seule. Indépendante. Dans ma petite maison à Cala Gracionetta, Ibiza, à boire des jus verts en fixant la mer comme une héroïne contemplative. Trois ans sans rien faire. Après la séparation avec le père de ma fille, j’avais trouvé une paix fragile. Mais apparemment mon cœur avait décidé qu’il était temps de relancer le grand cirque émotionnel.
Et c’est là qu’est arrivé Roberto. Prof de danse dominicain. La bachata comme excuse pour réapprivoiser ma sensualité. Il m’a fait croire que j’étais Beyoncé, alors qu’en réalité, je n’étais qu’une figurante dans son clip de drama. Déception. Toxique. Désillusion. Danseur aux mille conquêtes, menteur, manipulateur, dominant… et, cerise sur le gâteau, violent.
Pour tenter de tourner la page ? Un week-end au Maroc. C’était censé être ma version d’Eat Pray Love. Résultat : je mange, je prie un peu, mais surtout je tombe sur Ali, le prince du désert.
Une bouffée d’oxygène. Une libération. Enfin un homme qui ne voulait que moi. Deux mois plus tard, il disparaît. Peur de l’engagement. Indécision chronique. Moi ? Quatre mois à pleurer, à perdre des kilos et à douter de tout.
(Avantage inattendu : –3 kg. Dur, mais efficace.)
Heureusement, dans le chaos : une victoire. Mon coffret “Je manifeste” sort et explose mon chiffre d’affaires annuel en un mois.
Comme quoi, quand le cœur coule, le business flotte.
2.Tinder et les Fernando"s"
C’est à ce moment-là que j’ai pris une décision : il fallait bien que je rencontre des gens. Mes amis me conseillent Tinder. Moi, après 38 ans sans jamais avoir utilisé une application de rencontre, je m’imagine déjà en photo floue sur le journal du soir avec la légende : “découpée pour trafic d’organes après un date foireux.”
Alors j’y vais à reculons. Et pour éviter de finir en épisode de Faites entrer l’accusé, je force mes amis à me géolocaliser, à suivre mes déplacements, limite à m’équiper d’un traceur GPS.
Ce n’était que Fernando. Le premier d’une série de trois hommes avec qui je ne partagerai que des nuits. Juste des parenthèses de peau pour oublier mes déceptions.
(Avantage numéro 2 : je libère mon karma familial. Ma grand-mère portugaise, croyance évangéliste incluse, m’avait toujours dit que faire l’amour sans être mariée m’enverrait droit en enfer. Résultat : je découvre qu’on peut survivre à une nuit de sexe sans bague au doigt. Hallelujah.)
Puis arrive Fernando numéro 2 ( oui - ils s'appellent tous Fernando, ou Joao ou Antonio au Portugal) .
Sur le papier, il semblait bien. Mais j’aurais dû fuir dès les premiers signaux rouges :
• quand il me propose de prendre un train pour le rejoindre à 23h alors que je viens d’atterrir à Lisbonne,
• quand il m’avoue en voiture qu’il prend de la cocaïne et boit “juste pour s’amuser”,
• ou quand je pars de chez lui le matin de mon vol, seule, pendant qu’il dort encore, sans même se lever pour m’accompagner.
Le 19 décembre, je le quitte par SMS. Simple, rapide, propre. Meilleur choix de 2024.
3.Marc et le mirage du “nous”
Heureusement, les mois suivants sont rythmés par ma tournée dans les cinémas de France et un nouveau coffret à succès. Marc entre dans ma vie. Un ami. Un complice. Deux inséparables. Rires, projets, soutien… et très vite, je me surprends à y croire à nouveau.
Le 2 janvier, à Ibiza, sous champignons hallucinogènes pour le Nouvel An, nous basculons. Nous faisons l’amour. Mon corps réagit immédiatement, en m’offrant une infection qui me tiendra compagnie toute une semaine. Un signal d’alarme évident. Mais bien sûr, je n’écoute pas. Le 8 janvier, je persiste.
Puis, tout s’effondre. Messages distants. Vide. Son ex le rejoint en Thaïlande. La goutte d’eau. Je craque. Il se ferme. Trois mois sans nouvelles. Projet annulé. Trahison. Encore.
4.Le come back.Nick, deux ans plus tard
Mars. Un message d’un numéro inconnu. Nick. Deux ans après notre presque-histoire, il revient d’entre les fantômes avec une humilité désarmante. Il s’excuse. Me dit qu’il pense à moi depuis six mois. Qu’il était perdu à l’époque. Qu’il n’attend rien, mais qu’il devait le dire.
Je le revois. Il est beau. Authentique. Il parle avec cette fragilité rare qui rend un homme mille fois plus séduisant qu’un torse sculpté. On rit. On boxe ensemble. Et puis, un soir, les choses prennent un autre tournant. On passe une nuit incroyable. Une nuit qui semble hors du temps, comme si ces deux années d’attente avaient été un prélude à ce moment.
Le matin, Nick change. La tendresse s’efface. Sa voix devient plus distante. Son regard, fuyant. Ce même scénario, encore.
Il met des jours à répondre. Quand il le fait enfin, il m’écrit qu’il m’aime profondément… mais rien ne suit. Pas de gestes. Juste des mots suspendus.
Et puis, de toute façon, ça arrive au moment où je pars. Deux mois cette fois, au Portugal. Je préfère couper. Prendre mes distances.
5.Aujourd’hui
Alors me revoilà. Un an plus tard. Au Portugal, pour deux mois encore. Les recommandations de mes amis ont évolué depuis l'année passée : nouvelle application, Hinge. Georges, fidèle compagnon à quatre pattes, toujours à mes côtés.
Et moi dans tout ça ? Je me sens vide.
Fatiguée de ces schémas qui se répètent. D’un homme qui en efface un autre, mais qui ne remplit jamais ce vide.
Mais quand j’essaye de trouver un sens à tout ça je me dis …
Mon film projeté au cinéma. Mes coffrets qui cartonnent. Un spectacle sur l’une des plus grandes scènes du monde.
Peut-être que ce chaos sentimental qui m’use est l’essence même de ce qui nourrit ma créativité?
Peut-être que mon cœur, avec ses cicatrices, est la source de ma magie ?
Peut-être que je ne suis pas en train de survivre.
Peut-être que je suis en train d’écrire mon chef-d’œuvre ?
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